Au Japon, le « shinrin-yoku (森林浴) », littéralement “bain de forêt", est une activité populaire pour réduire le stress.
Les bienfaits de la “nature” sur la santé ne datent pas d’hier. La marche dans les parcs pour ces effets sur la santé était déjà pratique courante en Angleterre au XIXe siècle [1]. Les espaces verts permettent d’exercer une activité physique, d’avoir des interactions sociales, de s’exposer à la lumière du soleil et faire le plein de vitamine D ou encore d’inhaler des molécules organiques fabriquées par les plantes stimulant notre système immunitaire [2]. La lecture du rapport de recherche «Les bienfaits de la nature sur la santé globale» [3] donne à voir une série de faits scientifiques attestant que l’interaction des humains avec la nature génère plusieurs effets positifs sur la santé, autant du point de vue physique que psychologique. Citons par exemple, la réduction de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, la diminution de l’activité nerveuse sympathique et l’augmentation de l’activité nerveuse parasympathique ainsi que la réduction des niveaux de cortisol (indicateur de stress). Comme nous pouvions entendre les témoignages en temps de confinement de pandémie Covid-19 sur les bienfaits des promenades sur la santé mentale.
Responsabilité sociétale des soignant.es
Les soignant.es jouissent d’une confiance dans la société et sont les témoins des impacts des changements climatiques sur la santé des individus. Les professionnels de santé peuvent contribuer à transmettre de l’information et plaider pour des changements dans les politiques publiques en reconnaissant une forme d'interdépendance des êtres vivants humains et non-humains ainsi qu’en accompagnant des changements bénéfices pour la santé des humains et pour celle de l'environnement [4]. La prescription verte est une des actions concrètes pour promouvoir des interventions incluant les environnements dans la pratique des professionnel.les de santé. À titre d’exemple, depuis le début de cette année, le programme PaRx permet aux soignant.es de donner des entrées gratuites d’accès aux grands parcs naturels canadiens à leur patient.es [5]. De même qu'en France, à Strasbourg, des prescriptions vertes pour les femmes enceintes ont été mises en place pour réduire les perturbateurs endocriniens dans leur quotidien [6]. Ces interventions de santé basées sur la nature peuvent revêtir des formes diverses comme des promenades à l'extérieur, de l’exercice en plein air (le vélo, l’escalade, …), de l’horticulture ou de l’agriculture à travers des ateliers (thérapeutique), prendre part à des actions de conservation de la biodiversité, des arts et métiers en lien avec la nature [2].
Des relations mutuellement bénéfiques
Pas révolutionnaire direz-vous ? Certes, mais pour répondre aux enjeux de changements climatiques il nous faut activer l'intégration des questions environnementales dans les pratiques des soignant.es. Ces mesures basées sur la nature doivent être pensées également dans une vision d’accessibilité au système de santé ainsi qu’aux espaces verts. Concevoir les relations réciproquement bénéfiques humains-environnements amène à agir sur les enjeux de société de manière holistique à la croisée de la santé, de l’environnement et des inégalités sociales car n’oublions pas que les quartiers à faibles revenus sont souvent les moins verts [7]. De la sorte, ces transformations dans la pratique soignante donnent l’occasion de lier justice socio-environnementale et effets directs sur la santé.
Un bon argument pour préserver et créer des espaces verts en ville !
Photos: Jamie Lee Fossion
[1] Mick Carpenter, From ‘healthful exercise’ to ‘nature on prescription’: The politics of urban green spaces and walking for health, Landscape and Urban Planning, Volume 118, 2013, Pages 120-127, ISSN 0169-2046, https://doi.org/10.1016/j.landurbplan.2013.02.009.
[2] Robinson JM, Breed MF. Green Prescriptions and Their Co-Benefits: Integrative Strategies for Public and Environmental Health. Challenges 2019;10:9, https://doi.org/10.3390/challe10010009
[3] Bherer et al. Les bienfaits de la nature sur la santé globale. Institut de cardiologie de Montréal pour le compte de la Sépaq. Mars 2021. ttps://www.sepaq.com/resources/docs/org/autres/org_icm_rapport_nature_sante_globale.pdf
[4] Delorme H, Gonzalez Holguera J,Niwa N, et al. Cobénéfices de la promotion de la santé sur le réchauffement climatique. L’exemple de l’alimentation et de la mobilité. Rev Med Suisse 2020;16:1049-55.
[5] Lévesque, D. Les médecins peuvent prescrire des « bains de forêt » dans les parcs nationaux. 1 février 2022. Radio Canada : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1858929/prescription-nature-bc-parks-fondation-parcs-canada-entree-decouverte-parx
[6] Capecchip, I. Strasbourg : pourquoi la mairie veut donner des fruits et légumes aux femmes enceintes. Mars 2022. ActuStrasbourg. En ligne : https://actu.fr/grand-est/strasbourg_67482/strasbourg-pourquoi-la-mairie-veut-donner-des-fruits-et-legumes-aux-femmes-enceintes_49488794.html
[7] Caoimhe Twohig-Bennett, Andy Jones, The health benefits of the great outdoors: A systematic review and meta-analysis of greenspace exposure and health outcomes, Environmental Research, Volume 166, 2018, Pages 628-637, ISSN 0013-9351, https://doi.org/10.1016/j.envres.2018.06.030.
Li, Q. (2019), Effets des forêts et des bains de forêt (shinrin-yoku) sur la santé humaine : une revue de la littérature. Santé Publique, 1, 135-143. https://doi.org/10.3917/spub.190.0135