Au Québec, seulement une femme sur cinq perçoit un salaire pour son travail agricole (Lemarier-Saulnier, 2016). Bien que l’équité salariale et l’accès à de meilleures conditions de travail pour les femmes semblent une priorité, le milieu rural échappe parfois à ces efforts pour l’égalité des hommes et des femmes. Mais qu’est-ce qui explique cette invisibilisation du travail agricole des femmes ?
D’abord, les dimensions du sexe et du genre ont été identifiées comme déterminantes du travail agricole, surtout quant à l’attribution des tâches, les heures de travail et le salaire, les conditions de travail et l’exposition aux risques professionnels (Habib et al., 2014). On remarque que le milieu de l’agriculture est particulièrement propice à la construction et le renforcement des rôles de genre. Comme il n’existe parfois pas de distinction claire entre le travail professionnel et le travail domestique lorsque la ferme consiste en un lieu de travail et le domicile, les tâches agricoles accomplies par les conjointes d’agriculteurs sont considérées comme travail domestique, et reste dévalorisé et non rémunéré (Andersson et Lundqvist, 2014). Le travail des femmes, qui reste néanmoins essentiel au fonctionnement de l’entreprise agricole, devient donc invisible, tandis que le travail de l’homme, qui inclut davantage de tâches typiquement agricoles, comme l’opération de la machinerie, est valorisé (Stoneman et Jinnah, 2016).
Selon une étude par l’organisme Agricultrices du Québec, les femmes du milieu rural cumulent en moyenne 27,35 heures de travail invisible par semaine, réparti de la façon suivante :